Les conseils méthodologiques de rédaction s'appliquent aussi bien à la dissertation qu'au commentaire.
L'aspect de la copie
Dans les conditions d’anonymat, seule votre copie parle pour vous : elle est l'émanation de votre personnalité. Un commentaire composé doit être propre, avenant et agréable à lire, et témoigner ainsi de votre respect pour l'examinateur.
Utilisez de préférence un stylo plume ou assimilé (et surtout pas de stylo à bille ou de feutre épais). Utilisez le moins possible l'effaceur ou le correcteur liquide et évitez les ratures. Barrez et soulignez à la règle. Écrivez lisiblement (ni trop petit, ni trop gros, ni avec une encre trop claire).
Si la copie d'examen comporte des petits carreaux, sautez des lignes. Le jour de l'examen, remplissez correctement les références de votre copie, nombre de pages compris sur l'ensemble (1/7, 2/7 etc.).
Justifiez typographiquement votre texte (en allant jusqu'au bout de chaque ligne). Pour cela, veillez à segmenter correctement les mots en syllabes en fin de ligne (notamment en cas de consonnes redoublées).
Les chiffres doivent être écrits en toutes lettres (sauf les dates). Un siècle se note : XXe siècle (et non *20e siècle ou *XXème siècle).
Les titres des œuvres doivent être soulignés à la règle. Il faut distinguer les titres d’œuvres (soulignés) et leurs parties (entre guillemets) : Les Cahiers de Douai, « Le Buffet ». Il faut distinguer également La Peau de chagrin (titre du roman) et la peau de chagrin (l'objet) ; de même Phèdre (titre de la tragédie) et Phèdre personnage de cette tragédie. Le premier substantif du titre doit porter une majuscule : Les Fleurs du mal (pour permettre une utilisation plus souple : l'auteur des Fleurs du mal).
Un exercice de réflexion doit se présenter comme objectif : pas de première personne du singulier ou d’expression d’un jugement personnel, même positif (« un génie de la littérature », « un style magnifique » etc.) souvent interprétées comme une volonté maladroite de flatter le correcteur. Seule la qualité de votre analyse doit permettre de mettre en valeur les qualités du texte ou de son auteur.
Apprendre à bien citer
Les guillemets de familiarité sont à proscrire, pour éviter toute confusion avec une citation. Une expression familière n'a de toute façon pas sa place dans une épreuve de baccalauréat.
En commentaire comme en dissertation (ou à l'oral), vous serez amené(e) à citer les textes. Citer correctement à l'écrit s'apprend : une bonne citation, avec des guillemets, est évidemment exacte (si possible sans faute), pertinente et brève : vous devez sélectionner avec précision ce sur quoi vous souhaitez attirer l'attention et limiter la citation au strict nécessaire (les longues citations ne sont que du remplissage) : un mot, une expression, éventuellement une courte phrase ou un vers. Si vous le pouvez, indiquez les numéros de ligne ou de vers (l. 5 ou v. 5)
Tronquez la citation si nécessaire, si possible en respectant le sens et la syntaxe (à éviter : « Maître Corbeau sur un arbre [...] un fromage »). Si vous citez plusieurs vers, séparez-les ainsi : « le mange/sans autre forme de procès ».
Pour plus de légèreté, vous pouvez insérer la citation dans une phrase en les adaptant, à condition d'indiquer les modifications effectuées. Exemple : Le loup l’accuse de « troubler [sa] boisson »
Dans la dissertation, les citations doivent être contextualisées : vous devez renseigner brièvement le contexte de la citation (tiré de la dernière strophe de tel poème, par exemple, ou renvoyant à tel personnage à tel moment de la narration), sans tomber dans un autre défaut : le remplissage explicatif de la citation.
Apprendre à bien rédiger
L'E.A.F., quel que soit l'épreuve ou le type de sujet, est avant tout un exercice de français en français. Veillez à toujours prévoir du temps ou à rester si vous avez terminé en avance pour relire votre copie.
D'une manière générale, vérifiez que vous ne vous répétez pas et que vos phrases ont un sens et sont facilement compréhensibles. Cherchez la simplicité dans la rédaction.
Une syntaxe ou une orthographe déficiente peuvent parfois faire dire aux élèves le contraire de ce qu'ils veulent dire : « Le narrateur décrie le mode de vie des habitants » (décrier = critiquer vivement) et « Le narrateur décrit le mode de vie des habitants » (décrire).
Les fautes les plus répandues
Vous trouverez ici les fautes le plus fréquemment rencontrées dans les copies ou à l'examen. Il est donc facile de se distinguer. Conseil : parmi les fautes suivantes, soulignez celles que vous feriez.
- les fautes de copie dans les termes... du sujet ou des textes étudiés ;
- les fautes d'orthographe ou de syntaxe élémentaires : *enfaite > en fait ; *malgrès > malgré ; *quatres > quatre. Les fautes d'accord trahissent la négligence des élèves, (*tout les etc.). Ne pas confondre le nom « l'emploi » et le verbe : « l'auteur emploie... » ;
- dans les interrogatives indirectes, les inversions du sujet et les points d’interrogations (d'autant que l'interrogation est au programme de grammaire).
Exemple : *Il convient de se demander
comment le romancier renouvelle-t-il la scène de séduction ?> Il convient de se demander comment le romancier renouvelle la scène de séduction.
- les fautes portant sur le lexique élémentaire de l’analyse littéraire : l'absence d'accent circonflexe à théâtre ; l'erreur d'accent à poème (confondu avec le parfum Poême de Lancôme) ; *quatrin > quatrain ; *alexandrain > alexandrin ; le *discour > le discours ; le *champs > le champ ; la *méthaphore > la métaphore ; une *alittération > une allitération ; une *assonnance > une assonance ; un *personage > un personnage ; une *personification > une personnification ; *dévelloper > développer ; un *receuil > un recueil ; *phylosophique > philosophique ; *le publique > le public ; *éthymologie > étymologie etc. Il ne faut pas confondre *le tiercé (des cours hippiques) et un tercet ; une balade (fam. pour promenade) et une ballade (forme fixe en poésie médiévale) ; une *graduation (pour mesurer) et une gradation ; le satyre (dans la mythologie grecque) et la satire ; un *therme (les bains romains) > un terme (dans un texte) ;
- les barbarismes : *l'inversement > l'inversion ; *l'excessivité > l'excès ; *l'éphémérité > le caractère éphémère, la fugacité ; *le désintéressement > le désintérêt ; *la ridiculisation d'un personnage > un personnage tourné en dérision) ; *la dominance > la prédominance ; une *synecdote > une synecdoque ; *humouristique > humoristique ; *le pathétisme > le pathétique ;
- les anglicismes : un *default > un défaut ; le *language > le langage ; un *model > un modèle ; une *address > une adresse ; un *héro (forme anglaise) > un héros ;
- les solécismes (fautes de syntaxe) : ironiser ou argumenter sont des verbes intransitifs > on ironise/on argumente tout court (sinon railler qqun, se gausser de qqun, se rire de qqun, tourner qqun en ridicule etc. ; apporter des arguments à une thèse, étayer une thèse). Un éloge et non *une éloge et inversement une échappatoire et non *un échappatoire ; un oxymore et non *une oxymore ; une hypallage et non *un hypallage. Une image est positive/négative tandis qu'un terme ou une expression est méliorative/péjorative ; discréditer et non *décrédibiliser (une thèse) ; *illusionner quelqu'un > duper, tromper, berner quelqu'un (on peut en revanche s'illusionner soi-même) ; un thème récurant (= comme un produit d'entretien, qui récure ou nettoie bien) > un thème récurrent (qui revient souvent). On peut exprimer quelque chose mais pas exprimer que.
Éviter les maladresses
On parle de paragraphes dans un texte en prose et de strophes dans un texte en vers.
Fuyez les expressions très laides qui contaminent l'espace public : se focaliser (> se concentrer sur) ; se baser sur (> se fonder sur) ; avoir un impact sur (> toucher, affecter, bouleverser) ; interpeler (> émouvoir, frapper) ; à la base (> à l'origine) ; le vécu (> l'expérience) ; le ressenti (> la perception, l'impression) ; culpabiliser (> juger coupable). Fuyez également les futurs narratifs répétitifs et inélégants (Corneille va écrire ensuite des tragédies classiques. Il deviendra rapidement célèbre).
Ne dites pas un côté divin (fam.) mais un aspect divin, un caractère divin ou une dimension divine.
Parmi les expressions à la mode chez les élèves, le plus souvent de façon dépourvue de sens : mettre en avant (> exprimer, souligner), appuyer l'idée que (> confirmer, corroborer qqch). Tic récent dans les copies : de par souvent employé de façon un peu ridicule.
Rayez absolument les expressions incorrectes au niveau de (> à propos de, s'agissant de, en ce qui concerne, regardant) ; *suite à (> à la suite de) ; *au final (> en définitive, pour finir, en somme) ; directement (> d'emblée) ; clôturer (un compte bancaire) (> clore) ;
En général, quand les élèves emploient l'adverbe clairement, c'est que les choses sont peu claires.
Bannissez définitivement délivrer un message ;
Évitez les expressions clichés ou vides de sens : accentuer un comportement, amplifier un effet, procurer des émotions, marquer le lecteur, rendre le texte plus vivant.
Évitez absolument les expressions-catalogues qui trahissent la paraphrase : il y a, nous avons, l’auteur dit/veut dire que.
Rechercher la précision
Employez les mots ou les expressions qui conviennent : non pas *lister mais énumérer ; une œuvre ne se nomme pas, mais s’intitule. L'adjectif pathétique signifie émouvant, produisant une forte impression et pas seulement pitoyable ; une description et non un descriptif etc. Ce n’est pas le titre qui est éponyme, mais le personnage.
La description d’un personnage est un portrait. Aux termes vagues comme écrivain, auteur ; livre, texte, pièce, préférez les termes précis : fabuliste, romancier, conteur, dramaturge ; œuvre, roman, conte, comédie, tragédie, drame etc.
N’employez le terme narrateur que pour un récit ; pour un poème, préférez le terme poète ; ne confondez pas vers et lignes. Dans une pièce de théâtre ne confondez pas monologue (d'un personnage seul sur scène) et tirade, et employez autant que possible le terme répliques. En littérature, on ne parle pas de paranormal, mais de surnaturel ; il ne faut surtout pas confondre fantastique et merveilleux.
Ne citez jamais une figure de style sans l’étudier précisément (par exemple une comparaison suppose un comparé, un comparant, un outil de comparaison, un point de comparaison) et sans l'interpréter : l'effet recherché et produit.
Ne pas confondre :
- sensations, émotions et sentiments : les sensations renvoient au cinq sens (toucher, odorat, vue, ouïe, goût), les émotions à ce que l'on éprouve brutalement (sous le coup de l'émotion) et les sentiments à ce que l'on éprouve dans le temps plus long. Attention : sentiment peut aussi renvoyer à une opinion intellectuelle.
- idéal/idéaliste : un monde idéal (utopique, parfait) et un être idéaliste (animé par un idéal, chimérique ou non).