La dissertation est, en moyenne, l'exercice le plus réussi à l'écrit. Longtemps très minoritaire, il tend à être de plus en plus choisi par les candidats au baccalauréat.

La dissertation consiste à conduire une réflexion personnelle organisée sur une question littéraire portant sur l’une des œuvres et sur le parcours associé figurant dans le programme d’œuvres. […] Pour développer son argumentation, le candidat s’appuie sur sa connaissance de l’œuvre et des textes étudiés dans le cadre de l’objet d’étude concerné, ainsi que sur ses lectures et sa culture personnelles.

(Note de service sur l'épreuve anticipée de français 2020)

Attention : le jour de l'examen, les candidats se voient proposer trois sujets correspondant à trois œuvres et trois parcours associés différents : ils ne doivent évidemment traiter que celui correspondant à l'œuvre qu'ils auront étudiée !

Anticiper pour pouvoir choisir

La dissertation (littéraire) fait appel à la fois à la culture de l'élève en tant que lecteur (avoir acquis et pouvoir mobiliser des connaissances littéraires) et à son intelligence (savoir organiser sa pensée avec progressivité, logique et clarté).

Ne pas se préparer à cet exercice, c'est se condamner à ne pas pouvoir choisir le jour de l'écrit : or il faut se souvenir que la dissertation porte sur une œuvre et un parcours étudiés en classe tandis que le commentaire porte sur un texte hors programme. Pour peu que vous ayez préparé activement l'exercice, vous êtes donc en terrain connu et familier.

Cependant cette connaissance ne doit pas être vague et lointaine. Le premier attendu de cet exercice, c'est en effet une bonne connaissance des quatre œuvres au programme :

  • Une bonne connaissance des trois extraits tirés de chaque œuvre et étudiés en classe vous sera utile (ils ont été choisis pour nourrir une réflexion sur le parcours associé) mais reste limitée : vous pouvez également vous appuyer sur les notes de lecture, avec les passages lus et rapidement parcourus en classe.
  • Une bonne lecture personnelle de chaque œuvre (avec prises de notes) est nécessaire mais la connaissance solide du résumé détaillé de chacune d'elle, fourni par votre professeur, vous sera très utile pour avoir une vision d'ensemble. Le résumé peut être lu et relu pendant la séquence et facilement relu à la fin de l'année : il importe d'avoir présent à l'esprit la composition de l'œuvre, ses principaux personnages et ses principaux évènements (si elle est narrative), mais également des évènements ou des personnages plus secondaires qui permettront à votre copie de se distinguer du lot commun. Pour les œuvres se rattachant à la littérature d'idées, il importe d'avoir présent à l'esprit les étapes de l'argumentation ou de la démonstration. Vous devez être capable de relier des éléments épars de l'œuvre au cours de votre réflexion.Attention néanmoins : dans votre développement, le résumé ne doit surtout pas se substituer à la réflexion !
  • Les lectures transversales et les dissertations traitées en classe peuvent évidemment être d'une grande utilité. 
  • Une bonne connaissance des textes du parcours associé étudiés en classe permettra enfin d'élargir la perspective offerte par l'œuvre au programme et d'amorcer une réflexion dialectique.

La préparation de la dissertation rejoint donc en grande partie la préparation de l'oral : quand vous travaillez pour l'oral, vous travaillez pour la dissertation. Pour avoir une vision d'ensemble de tous les textes, reportez-vous au récapitulatif accessible sur le site.

Vous devez pouvoir citer les noms des auteurs, les titres précis des œuvres (à souligner ou à mettre entre guillemets s'il s'agit de parties d'œuvre) et idéalement pouvoir les situer dans le temps. Si vous vous référez à un épisode précis d'une œuvre narrative, pensez bien à le contextualiser. Exemple : dans l'Acte V, scène 3, à l'approche du dénouement, Figaro, en colère contre la trahison du comte mais surtout de Suzanne, se livre à un long monologue dirigé contre son maître.

Mais pour se distinguer des autres copies, il est recommandé d'apprendre des citations (entre guillemets et avec contextualisation) en rapport avec le parcours associé pendant l'année. Ces citations peuvent être longues (une phrase entière) ou brèves (une expression).

À toutes ces connaissances s'ajoute la nécessité de maîtriser l'exercice de la dissertation proprement dit. Pour toutes ces raisons, cette épreuve ne peut s'improviser au dernier moment !

Gérer le temps

La gestion du temps pour la dissertation n'est pas très éloignée de celle du commentaire :

  • Choix du type de sujet : quelques minutes ;
  • Réflexion au brouillon : 2 heures, voire un peu plus ;
  • Rédaction au brouillon de l'introduction et de la conclusion : jusqu'à 30 minutes ;
  • Copie et rédaction du développement au propre : jusqu'à 1 heure 30 ;
  • Relecture : quelques minutes.

Les durées ci-dessus sont évidemment indicatives mais les candidats qui commencent à rédiger très tôt s'exposent à de grandes difficultés et à de grands risques. Surveillez bien le temps pendant l'épreuve.

Analyser le sujet

Une dissertation, si elle s'appuie sur des connaissances littéraires précises, ne se limite évidemment pas à une simple démonstration de connaissances : le correcteur n'entend pas lire un résumé de l'œuvre ou un catalogue des personnages ou des thèmes. C'est une réflexion pertinente qui est attendue, c'est-à-dire s'efforçant de répondre spécifiquement au sujet. 

Idéalement, mémorisez le sujet en début d'épreuve et surveillez que vous le traitez bien à chaque étape de votre travail : chaque partie doit, au fond, apporter une élément de réponse à la question du sujet. Vous devez être impitoyable avec vous-même.

Le type de sujet

La première étape consiste à déterminer si le sujet est dialectique ou thématique.

  • Si la question est fermée (c'est-à-dire nécessitant une réponse par oui ou par non), un plan dialectique (thèse, antithèse, synthèse) est en principe attendu. Attention à ne pas défendre le tout et son contraire. La thèse vise, par exemple, à défendre - dans une certaine mesure - l'idée proposée par le sujet, l'antithèse à en montrer les limites (ou inversement), et la synthèse à dépasser ces contradictions apparentes.
  • Si la question est ouverte, un plan thématique est attendu (chaque partie aborde la problématique sous l'angle d'un thème particulier). 

Si le sujet n'est pas formulé sous la forme d'une question, il vous appartiendra de dégager vous-même une question qui servira de problématique à votre dissertation.

Il est à noter que, dans certains cas particuliers, un sujet en apparence dialectique ne devra pas être traité avec un plan dialectique : quand il est absurde de soutenir une thèse contraire à l'œuvre, par exemple.

 

Analyser les termes et la formulation du sujet

Au brouillon recopiez et tâchez de définir ou d'interroger les termes du sujet. Prêtez attention aux adverbes ou aux tournures restrictives.

Exemple de sujet : Les Essais de Montaigne ont-ils une portée didactique ?

Qu'est-ce qu'un essai ? Quelle est la particularité de ce genre chez Montaigne ? Qu'est-ce que la didactique ? À qui s'adresse-t-elle ? L'essai est-il un genre didactique ? "une portée" indique une dimension éventuelle des Essais mais n'exclut pas d'autres dimensions, moins importantes ou plus importantes : lesquelles ?

Cette réflexion au brouillon pourra par la suite nourrir votre introduction ou une partie de votre développement. Par la suite, gardez bien le sujet en mémoire tout au long des quatre heures pour ne pas vous en éloigner (hors sujet).

Problématiser

Une problématique cherche à soulever une opposition ou une contradiction justifiant la question posée par le sujet. Pour le dire autrement : pourquoi peut-on se poser la question proposée par le sujet ?

Il arrive que cette justification soit dans le sujet. Si le sujet ne comporte pas de problématique, la troisième étape consiste donc à dégager une problématique qui guidera votre réflexion. Cette étape peut avoir lieu avant, pendant ou à l'issue des deux heures de réflexion.

Exemple : La Princesse de Clèves est-il un roman d'apprentissage ?

Le sujet est dialectique mais sans problématique : il faut donc le problématiser dans l'introduction. Problématique possible : par bien des aspects (intrigue, sort des personnages), La Princesse de Clèves est un roman de l'échec : comment dès lors y voir un roman d'apprentissage ?

Attention à susciter l'intérêt du correcteur sans trop en dire dans l'introduction : par exemple, préciser en quoi l'intrigue ou le sort des personnages relève de l'échec peut être réservé pour une partie ou sous-partie du développement.

Songez, pour vous aider à dégager une problématique, que le sujet est nécessairement lié à l'œuvre étudiée et au parcours associé. Mais ne transformez pas votre dissertation en traitement du parcours associé : ce serait oublier le sujet !

Rédiger la dissertation

Prenez exemple sur les corrigés rédigés.

La rédaction d'une dissertation n'est pas très différente de celle d'un commentaire. Sautez une ligne entre introduction et première partie, entre parties, entre dernière partie et conclusion. Un plan en trois parties suppose donc de sauter quatre lignes.

Ne sautez pas de lignes entre les sous-parties. Chaque paragraphe (introduction, sous-partie, conclusion), doit être marqué par un alinéa (retour à la ligne). Vous pouvez introduire chaque partie par une phrase d'introduction rappelant le contenu de la partie et annonçant le contenu de chaque sous-partie. Chaque sous-partie commence par le rappel de son contenu. Évitez cependant d'employer à chaque fois les mêmes phrases ou expressions et allégez en variant et reformulant.

Dans l'introduction, après une phrase d'accroche (si possible en rapport avec le sujet), citez bien le titre de l’œuvre, sa date de publication (ou de création pour le théâtre), son auteur et les informations utiles pour l'appréhender rapidement (genre, composition, bref résumé avec nom des personnages principaux). Introduire le sujet revient à justifier pourquoi la question du sujet peut se poser. Si les termes du sujet le nécessite, vous pouvez les définir en introduction, ou le faire au début du développement). Après le sujet (que vous veillerez à ne pas transformer), annoncez le plan et ses parties.

En conclusion, récapitulez les étapes de votre réflexion (en variant et reformulant), répondez à la question posée, en n'hésitant pas à prendre un parti. Puis, avec l'ouverture, montrez que vous pourriez étendre votre réflexion à d'autres objets littéraires ou artistiques.

Comme pour le commentaire, l’ouverture peut être formulée sous forme de question... mais rhétorique ! Il ne doit surtout pas s’agir d’une vraie interrogation qui resterait sans réponse et conclurait votre commentaire par un aveu d'ignorance bien maladroit. À éviter : les rapprochements qui ne sont pas accompagnés d'une justification. Exemple : « Ce passage fait penser à telle œuvre. ». À vous d’expliquer - en quelques mots - ce qui justifie votre comparaison (par rapprochement ou opposition d'ailleurs).