Depuis la réforme des épreuves en 2020, le commentaire est un sujet de moins en moins choisi par les élèves. C'est une exercice artisanal, qui se prépare avec de la méthode et de l'entraînement.

Le commentaire à l'écrit doit être organisé. Il doit en effet s'organiser autour de grandes parties logiques, à la différence de l'explication de texte à l'oral, qui doit être linéaire, c'est-à-dire suivre la progression du texte. Idéalement, dans un commentaire organisé, chaque partie aborde au contraire l'ensemble du texte. 

Dans certains cas rares, si le texte y oblige, un commentaire organisé peut être linéaire.

Les nombreuses explications faites en classe par votre professeur, si elles sont beaucoup plus développés que ce qu'il est possible de produire en quatre heures, peuvent progressivement vous aider à comprendre comment l'on peut et doit commenter un texte.

La gestion des quatre heures

Il est nécessaire de disposer d'une montre ou d'un réveil de poche (les montres connectées et smartphones sont interdits) : la gestion du temps est difficile sans entraînement. Le temps paraît, en général, très lent au début... et très rapide à la fin !

Sur vos quatre heures, consacrez d'abord quelques minutes à la lecture attentive du texte à commenter et du sujet de dissertation pour bien choisir le type de sujet que vous allez traiter : commentaire ou dissertation. Vous ne devrez surtout pas changer en cours de route.

Pour le commentaire,il est recommandé de consacrer deux heures à travailler au brouillon. Les candidats qui commencent à rédiger au propre très rapidement - comme on en voit tous les ans à l'examen - empruntent une voie très dangereuse.

Quel que soit le sujet, réservez ensuite jusqu'à une demi-heure pour rédiger l'introduction et la conclusion au brouillon puis, selon que vous aurez deux ou trois parties, consacrez entre une heure et une heure et demi à recopier l'introduction, rédiger le développement, recopier la conclusion.

Quelques minutes à la fin seront très utiles pour relire votre travail et corriger les fautes si nécessaires. Le baccalauréat de français est un baccalauréat... de français.

Travailler au brouillon

Pendant les deux heures consacrées au brouillon, déterminez d'abord - si elle existe - la progression du texte : quelles étapes le texte suit-il, et quel titre peut-on donner à chacune ? Ce premier temps permet généralement de surplomber le texte et de mieux le comprendre.

Soulignez, surligner, annotez le texte en adoptant des couleurs vous permettant de faire des liens entre des observations qui se rejoignent ou s'opposent : un texte sans aucune annotation à la fin de l'épreuve ne laisse présager rien de bon.

Sur des feuilles de brouillon, notez vos observations tout en tâchant progressivement de les regrouper (en général, une observation intéressante en appelle d'autres dans le même sens dans un texte) afin de préparer l'élaboration d'un plan. En tirant un fil, on arrive souvent à détricoter tout ou partie d'un texte.

Définir un projet de lecture

Tout texte, pour peu qu’il soit littéraire, manifeste une singularité, une particularité qu'il convient de découvrir, en analysant le texte, et d'énoncer sous forme de problème (ou problématique) auquel le commentaire composé apporte une réponse en plusieurs temps (en plusieurs parties). Cette problématique offre un projet de lecture.

Dégager une problématique (ou définir un projet de lecture), c'est donner un sens, une direction au commentaire littéraire d'un texte. La problématique doit mettre en évidence la singularité, l’originalité du texte étudié par rapport aux modèles sur le même sujet par exemple. Pour la dégager, il s’agit donc de trouver au sein du texte des éléments contradictoires ou bien qui apportent un écart par rapport à des attentes de lecture (dans une scène conventionnelle ou un topos littéraire par exemple). La progression du texte permet parfois également de dégager une problématique.

Il faut de préférence écarter toutes les fausses problématiques, volontairement vagues, évasives ou générales, et donc applicables à l’ensemble de l’œuvre, d’un genre, d’un mouvement esthétique. Quelques exemples de fausses problématiques : « En quoi ce sonnet est-il poétique ? en quoi cette scène est-elle réaliste ? qu’est-ce qui fait de cette scène une scène d’exposition ? » etc. Par exemple, une question du type « En quoi ce poème est-il baroque ? » ne peut correspondre à une problématique, puisqu'elle nie toute spécificité, toute particularité ou toute originalité propre du texte : le texte est au contraire réduit à une lecture stéréotypée et appauvrissante.

Évitez les problématiques psychologisantes, philosophiques ou sociologiques, hors-sujet puisque sans rapport avec l'étude d'une forme littéraire. Ex : « Pourquoi le héros, si gai au départ, devient-il triste ? » ou « Pourquoi les hommes sont-ils mauvais ? ».

Idéalement, sans être trop vague, évasif ou général, le projet de lecture ne doit pas non plus tout dévoiler dans l’introduction, afin de susciter la curiosité du correcteur. À cet effet, il revêt habituellement la forme d’un questionnement, direct ou indirect.

Élaborer un plan

Le plan s’élabore à partir des éléments d’analyse, selon deux exigences : apporter une réponse à la problématique, mais également maintenir l’intérêt du correcteur. Commencez par la partie la plus faible : terminer votre développement par la partie la plus faible laisserait à l'examinateur une impression d'ensemble négative.

Le plan suit une progression logique claire. Rien n'est pire que faire semblant de suivre un raisonnement logique, en utilisant des connecteurs logiques, alors qu'en réalité le développement ne suit aucune logique interne : il ne s'agit pas de faire semblant de penser, mais bien de penser !

Indiquez sur votre brouillon (en les entourant avec une couleur spécifique par exemple) les mots ou expressions qu'il vous semblera nécessaire d'analyser pendant la mise au propre.

Au début de chaque partie, une courte phrase d'introduction avec les sous-parties peut utilement présenter le cours suivi par votre réflexion ("Dans un second temps nous observerons comment..., notamment parce que... mais également parce que... et enfin parce que").

Rédiger introduction et conclusion au brouillon

Une fois tous les éléments en place (progression, projet de lecture, plan), réservez jusqu'à une demi-heure pour rédiger au brouillon l'introduction et la conclusion.

Rédiger l'introduction

Consacrez un bon quart d'heure à la rédaction au brouillon de votre introduction.

Il ne faut surtout pas croire que l'introduction est une partie secondaire du commentaire. L'introduction permet à l'examinateur d'apprécier dès le départ l'intelligence et la pertinence de votre travail. C'est la première impression que vous produirez sur le correcteur, elle ne doit surtout pas être négligée ou improvisée à la hâte et au dernier moment.

L’introduction, comme la conclusion, doit être rédigée soigneusement au brouillon à la fin de votre réflexion sur le texte, au bout de deux heures ou un peu plus.

Elle consiste en un paragraphe unique, au sein duquel on peut observer cinq étapes : chaque étape indique d’emblée à l’examinateur si le candidat a des connaissances de culture personnelle, des compétences de synthèse, de compréhension littéraire, d'interprétation et de méthode. Et l'ensemble de la rédaction, si le candidat a des compétences de concision (idéalement, une phrase pour chaque étape doit pouvoir suffire) et de rédaction en français.

Un nombre incalculable de copies au baccalauréat commencent par une première phrase dont l'orthographe ou la syntaxe est fautive. Ne produisez pas une mauvaise impression d'emblée : soignez particulièrement l'ensemble de l'introduction.

  • La présentation du contexte, de l'auteur et de son œuvre

Elle doit partir d'une considération générale (contexte historique, littéraire, artistique ou éventuellement biographique) mais pertinente, c’est-à-dire autant que possible en rapport avec le texte étudié. Précisez brièvement l’esthétique à laquelle il se rattache éventuellement, la date de parution et éventuellement les conditions de sa réception (anonyme, posthume, scandaleuse, triomphale etc.) mais surtout le genre littéraire de l’œuvre étudiée avec un très bref résumé si l’œuvre est narrative (Ex : Madame Bovary, roman paru en 1857, relate les adultères d’une bourgeoise de province) ou un résumé des thèmes principaux si l’œuvre est poétique (Ex : Alcools, recueil de poèmes paru en 1913, évoque la souffrance amoureuse, la mélancolie, l’enfermement en prison).

Par convention, présentez le texte comme s'il était inconnu du correcteur : ne jamais commencer par « Ce texte... » ou « Le poème que nous allons étudier... » etc.

Sur table, si vous ne connaissez ni l'œuvre ni l'auteur, vous ne pourrez pas les présenter. Mais notez bien qu'on peut souvent déduire des éléments du texte ou du paratexte le genre littéraire ou le mouvement esthétique de l'œuvre.

  • La situation du passage ou du texte

Contrairement à l'épreuve orale, elle n’est pas toujours possible lors de l’épreuve écrite de l'examen (s’il s’agit par exemple ou d’une œuvre fragmentaire, comme un poème, ou si vous ne connaissez pas le texte).

  • La progression du texte (facultatif)

Cette étape est facultative mais fortement recommandée, au moins pour faire avancer votre réflexion sur le texte.

Qu’il s’agisse d’un sonnet, d’un extrait de comédie ou de roman, le texte suit généralement un mouvement qu’il faut décomposer en plusieurs étapes (généralement deux, trois ou parfois quatre temps). Attention : le mouvement ne correspond pas toujours à la forme du texte (paragraphes ou strophes).

Le mouvement montre si la compréhension littérale - voire la compréhension fine) du texte est bien acquise, et permet parfois, en dessinant une opposition ou une contradiction entre les étapes, de dégager une problématique.

  • La problématique (ou projet de lecture)

Elle indique la voie suivie ou pose le problème qui justifie aux yeux du correcteur l’étude du texte : elle est donc essentielle. Il s’agit de dégager de l’observation du texte une contradiction, une opposition à laquelle les étapes du plan répondent progressivement. Elle est généralement formulée sous forme de question.

Pour perfectionner : sans être vague une problématique, pour créer une attente de lecture, ne dévoile pas entièrement la réponse, qui sera apportée par la conclusion.

  • L’annonce du plan (en deux ou trois parties)

Le plan est la réponse organisée à la problématique. C'est grâce à cette annonce que l'examinateur peut suivre la progression logique de votre réflexion.

Évitez les annonces explicites (Le plan sera le suivant, Nous allons étudier deux grands axes), aussi lourdes qu'inutiles. Évitez également les annonces de plan évasives ou nébuleuses.

Rédiger la conclusion

Consacrez un petit quart d'heure à rédiger votre conclusion au brouillon, idéalement - même si cela peut paraître contre-intuitif - juste après la rédaction de l'introduction puisqu'elle y répond. À défaut, conservez au moins ce quart d'heure pour la fin du temps imparti : il ne faut achever un commentaire en laissant une impression de bâclé ou d'inachevé.

En un seul paragraphe, la conclusion respecte en principe trois étapes : récapituler les parties étudiées dans le développement (si possible en reformulant pour éviter les répétitions), répondre à la problématique et élargir la réflexion (ce qu'on appelle l'ouverture).

L’ouverture doit de préférence avoir une portée littéraire ou artistique : il s’agit d’interroger la problématique en la situant dans une perspective nouvelle, en faisant un rapprochement ou au contraire en montrant l’éloignement du texte étudié avec le reste de l'œuvre, une autre œuvre, un autre auteur, un mouvement littéraire etc.

L’ouverture peut être formulée sous forme de question... mais rhétorique ! Il ne doit surtout pas s’agir d’une véritable interrogation qui resterait sans réponse et conclurait votre commentaire par un aveu d'ignorance bien maladroit.

À éviter : les rapprochements qui ne sont pas accompagnés d'une justification. Exemple : Ce passage fait penser à telle œuvre. À vous d’expliquer - en quelques mots - ce qui justifie votre comparaison (par rapprochement ou opposition d'ailleurs).

Rédiger le développement

C'est la dernière étape de votre travail. Votre introduction et conclusion sont déjà rédigées au brouillon et n'ont plus qu'à être recopiées et il vous reste en principe entre une heure et une heure et demi.

Surveillez le temps pour ne pas être pris de court.

L’organisation du développement

Le commentaire doit être "organisé" avec des parties et des sous-parties : dans chaque partie, autant que possible, vous considérerez le texte dans son ensemble. Un commentaire qui suit le mouvement du texte est au contraire linéaire et expose au danger de la paraphrase : le commentaire linéaire peut néanmoins convenir pour certains textes particuliers.

Attention : de nombreux élèves font semblant pour la forme d'organiser leur développement en parties et sous-parties, mais le fond n'obéit absolument pas à cette organisation. Ce type de copie ne fait pas illusion et risque fort d'agacer le correcteur, obligé de reconstituer la pensée de l'élève (s'il y en a une).

Au reste, il faut absolument proscrire les parties (et même les sous-parties) formelles du type « I. Le rythme » ou « II. Les procédés » ou « III. Les figures de style » ou « III. La description ». A éviter en général les plans consacrant une partie à chaque personnage d'un récit, ou les parties vagues. Exemple de plan artificiel à éviter : I. Les lieux II. Les personnages III. La réaction des personnages.

Évidemment, titres et sous-titres sont à proscrire dans le développement puisqu'il s'agit d'un exercice entièrement rédigé. En revanche, pour chaque partie, une phrase d'introduction peut rappeler le titre de la partie et annoncer les sous-parties. Revenez à la ligne après cette phrase et commencez le premier paragraphe sans sauter de ligne : on ne saute pas de ligne entre les éléments d'une même partie (phrase d'introduction et sous-parties) mais on se contente d'un retour à la ligne et d'un alinéa.

Sautez des lignes entre les parties, comme entre l’introduction, le développement et la conclusion.

Évitez les annonces trop lourdes et trop scolaires (Dans cette première partie, Pour terminer cette seconde partie). Utilisez plutôt des connecteurs chronologiques (d'abord, dans un premier temps, de prime abord ; en guise de conclusion, pour conclure, somme toute etc.).

En général chaque sous-partie correspond à une idée, avec un argument et une démonstration fondée sur l'analyse du texte. Exemple : Dans le quatrain, le buffet, objet inanimé, semble doué d'une âme. En témoigne sa personnification à travers l'emploi de verbes d'action comme « a pris » ou « verse », l'expression « cet air » ou la comparaison avec « les vieilles gens ».

La plaie du remplissage

Les élèves sont souvent convaincus qu'un bon commentaire est nécessairement long ou étoffé, d'où la tentation du remplissage.

Le remplissage, plaie du commentaire, peut prendre de nombreuses formes, parfois superposées :

  • La dilution du propos : des phrases très longues pour dire des choses très simples ;
  • La répétition ad nauseam de mêmes éléments dans le développement ;
  • Les citations trop longues et/ou trop nombreuses. Au passage, ne citez pas, ne commentez pas le chapô introducteur du texte s'il y en a un ;
  • La paraphrase : elle consiste en une reformulation du texte - souvent inférieure - donnant à comprendre le sens littéral du texte. Les professeurs, à l'occasion de leurs explications de textes, paraphrasent volontairement les textes pour s'assurer de leur compréhension littérale par les élèves mais n'ont pas besoin de se faire expliquer le sens littéral d'un texte. Symptôme habituel de la paraphrase, l'expression Ici l'auteur dit que... ;
  • La pseudo-analyse : un développement prenant toutes les apparences d'un commentaire littéraire, avec des mots de l'analyse littéraire (en réalité jetés au hasard), des liens (en apparence) logiques mais en réalité un propos décousu, confus, parfois contradictoire et souvent dépourvu de sens. Autre pseudo-analyse de plus en plus souvent rencontrée dans les copies : l'analyse à partir de mots prélevés au hasard dans le texte, en dehors de tout contexte (sens en contexte, phrase, paragraphe), pour leur faire dire n'importe quoi.